Automne du rêve
Le vent du soir meurtri par les baisers d’automne Entraîne par lambeaux aux néants des lointains Les nuages fanés des feuilles qui frissonnent, Et le fantôme d’or de la fleur qui s’éteint.
L’âme de la forêt, qu’il glace de son aile, S’évanouit dans l’ombre et s’endort dans la nuit, Quand le souffle aiguisé de la mort éternelle L’emporte en ricanant vers un monde qui fuit.
Et les parfums mourants de cette âme exilée, Comme un rêve brisé retombe sur le sol, Se mêlant aux sanglots des violettes fanées, Partent en emportant l’idéal dans leur vol.
Je regarde mourir ces tristes feuilles mortes, Fuyant avec un bruit navrant d’ailes brisées. Rêves morts en naissant, illusions fanées, Hélas la sombre vie en riant vous emporte,
Comme emporte les fleurs la bise aux grands frissons Dans les nuits d’éternel et terrible délire. Je vous écoute fuir, fantôme aux cheveux blonds Ainsi qu’aux soirs rêveurs de l’été qui soupire,
Parmi les voluptés mornes des lourds parfums, J’écoute exquisément se fondre l’agonie D’ éternel accord, dans l’immense harmonie, En regardant passer les automnes défunts.
5 Mai 1906
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Automne (2) |