L’ Éveil

 

Pour garder dans nos mains l'image du bonheur,

nous avons arraché les plus  belles des roses,

mais, quand le vent du soir flétrit la mieux éclose,

il ne reste à nos doigts que le parfum des fleurs.

 

Nous avons oublié nos plus vieilles douleurs

et nous ne souffrons plus des êtres ni des choses.

Si nous mettons nos mains sur nos paupières closes,

ce sera seulement pour le geste des pleurs.

 

Les grands aigles sur nous n'étendront pas leurs ailes

et nous ne saurons pas si leur ombre fut belle,

nos prières jamais ne parviendront aux Dieux.

 

Mais nous irons attendre aux rives ignorées

l'heure où, nous redressant sur la terre sacrée,

nous nous éveillerons dans le grand jour des cieux.