Automne (3)

Lune automnale

 

On dirait que le soir frissonne de tendresse

La lune rêve, ainsi qu’une fleur de cristal,

Et la chanson glacée des parfums automnals

Verse à mon cœur brûlant ses magiques tristesses.

 

La lune rêve ainsi qu’une fleur de cristal,

Ma douleur s’évapore, et dans l’ombre, en détresse,

Verse à mon cœur brûlant ses magiques tristesses,

L’âme du soir frissonne en mon amour fatal.

 

Ma douleur s’évapore, et dans l’ombre, en détresse,

J’évoque les parfums de myrrhe et de santal,

L’âme du soir frissonne en mon amour fatal

Et ma douleur s’endort dans ta lente caresse…

 

J’évoque les parfums de myrrhe et de santal,

On dirait que le soir frissonne de tendresse

Et ma douleur s’endort dans ta lente caresse,

Parmi les chants glacés des parfums automnals.

 

1906

 

 

Je vis une forêt d’arbres géants et de vagues,

L’air tremblait de cris et de désirs.

Une chanson montait dans le ciel effrayant,

Et les arbres muets frissonnaient d’extase

En l’écoutant

 

L’éternelle forêt, ainsi qu’un temple immense,

Où l’asphodèle en pleurs exhale son encens,

Abritait un rêve de paix et d’espérance

Qui montait parmi les rameaux verts

Et les arbres géants…

 

La voix des arbres semblait l’harmonie

D’un grand orgue mystique où d’étranges prêtres

Promenaient lentement leurs doigts pales

Aux accords pleins de tristesse.

 

C’était toujours la délicieuse agonie

Des sanglots et des lueurs,

J’écoutais leurs baisers rêveurs

Monter vers le ciel large et bleu.

 

L’âme de la forêt songeuse

Pleurait sans cesse, voix troublante,

Et la nuit répondait

A sa plainte douloureuse

Avec des mots de rêve

Et de frisson..

 

Le bruit de vagues lointaines,

On dirait que l’amour, le rêve et la vie

Unirent leurs splendeurs

Dans la tristesse infinie

Et l’éternel regret des douleurs.

 

Mon âme écoute ce bruit immense,

Elle songe longtemps dans le soir.

Longtemps elle écoute la-bas,

À l’horizon qui frémit de sanglots,

Alors grandit lentement en elle

L’agonie du chaos.

 

Puis l’accord lointain

Disparaît comme une étoile qui s’éteint.

L’invisible univers de mon rêve

S’évanouit en elle

Et j’écoute encor dans le soir

L’horizon frémir de sanglots.