Un troubadour
|
C’est un troubadour, au front pale, à l’œil noir Plein de rêve, au génie naissant, plein d’espoir, Il est pauvre, il est jeune, il est beau. Sa guitare Résonne sous ses doigts comme un grelot tartare Et son chant tristement s’envole dans l’air lourd. Et lui rêve en chantant à sa chanson d’amour. C’est le joyeux printemps à l’illusion candide, Et la jeunesse ardente au cœur pur et limpide, Il chante, et les oiseaux s’arrêtent dans le ciel, La brise est attentive, et la-haut, le soleil Écoute sa chanson langoureuse et plaintive...
Sous le baiser du vent du nord, Je frissonnais à demi mort Dans la grande nuit étoilée, L’air est froid, la brise glacée, Et je frissonne, à demi mort Sous le baiser du vent du nord.
La lune est pale, et le ciel noir, Mon cœur a perdu tout espoir, Dans la sombre nuit étoilée, J’écoute la bise glacée, Mais mon cœur a perdu l’espoir, La lune est pale et le ciel noir…
Mon cœur tremble dans son malheur Et l’âme pleure de terreur, Je vais dans la nuit étoilée Cinglé par la bise glacée, Mon âme est pleine de terreur, Mon cœur tremble dans son malheur.
Je vais chantant mon ennui, Sous l’œil de la lune qui luit Tout seul dans la nuit étoilée Dans la bise froide et glacée Sous l’œil de la lune qui luit Je m’en vais chantant mon ennui.
Adieu lune, je vais mourir Et mon amour s’en va finir Avec moi, dans l’ombre étoilée Sous la bise froide et glacée Et mon amour s’en va finir. Adieu lune, je vais mourir.
Sa voix comme l’écho d’une source craintive Résonne, et de sa main comme un grelot d’argent La musique d’amour s’échappe en murmurant, Puis le chant s’alanguit et tombe de lui-même, A ses yeux éblouis on devine qu’il aime.
Avril 1905
|