Soir de pluie

 

L'heure est triste et voici que nous n'entendons plus

s'égoutter le jardin sur lequel il a plu.

Le soir descend, et nous, dans la demeure close

où la lumière mêle au souvenir des roses

le regret de l'aurore et des oiseaux qui vont.

Nous regardons au ciel, si le soir fut profond,

et si l'ombre fut bien comme nous l'avions vue

pendant les nuits d'automne où, jadis, apparue

dans le ciel éclairci comme une fleur d'été,

la lune s' élevait au-dessus des forêts.

Mais rien ne pourra plus émouvoir la tristesse

et le silence obscur où notre désir laisse

naître et mourir l'espoir que nous avons perdu.

Ou bien, si doucement, que nous ne saurons plus

si c'est le vent du soir qui poussera la porte

par où pénètrera l'odeur des roses mortes,

ou si, touchant le seuil de son pas tiède et nu,

furtif et redoutant d'être trop tard venu,

c'est, tant de fois chassé d'une main vengeresse,

l'amour qui reviendra tisonner nos tristesses.