C’est mieux ainsi...
C’est mieux ainsi qu'aux jours anciens où ma tendresse n'avait pour se nourrir que de pauvres baisers. Un amour sans la chair, un banquet sans ivresse laissent toujours quelque désir inapaisé.
C’est mieux ainsi. Qu’importe à nos soifs immédiates la voix de la prudence et ses sages conseils ? Je veux, fermant les yeux, que dans mes mains éclate le pampre de l'automne avec son suc vermeil.
Si la vie est en nous, pourquoi dormir encore ? Si l'ardeur nous talonne, à quoi bon hésiter ? Tes yeux auront pour moi les clartés de l’aurore, ton sein me sera chaud comme une nuit d'été.
C’est mieux ainsi, vois-tu, car, après ces rafales, après ce long effort vers le même néant, lorsque nous écoutons, d'une cadence égale, cœur contre cœur, le bruit rythmé de notre sang,
Alors, en soulevant quelque peu ma poitrine, je sens, glissant mes doigts à travers tes cheveux, tout mon amour, lavé des ardeurs masculines, lentement déborder en larmes de mes yeux.
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