La fontaine

 

 

Jadis, dans la clarté des couchants éphémères,

masquant d'un galop noir lhorizon jaunissant,

les centaures venaient en troupeaux bondissants,

fontaine, vers tes bords frissonnants d'eaux légère.

 

Jadis lorsque la nuit s'attardait sur la terre,

dressant sur l'eau leurs torses nus avec des chants,

les sirènes venaient de la mer aux flots lents,

Aréthuse, pour boire à tes vasques de pierre.

 

De même, dédaignant les victoires offertes,

je marcherai vers toi dans les plaines désertes,

loin de l'aube éclatante et du jour ébloui,

 

penché sur le reflet des étoiles nocturnes,

pour boire à la fraîcheur secrète de tes urnes

le flot désespérant et profond de l'oubli.