Des nuits de désespoir
L’air brûlant de la nuit s’alanguit et s’oppresse, Le couchant brille encor de sanglantes lueurs, Et la brise du soir n’est plus qu’une caresse, Qui passe en murmurant sur les arbres rêveurs.
Le clair de lune bleu glisse dans l’atmosphère, Et verse de la branche au parterre recueilli, Sa lueur immobile où nage le mystère, Et d’étranges parfums tout remplis d’infinis.
Dans le lointain plus vague et plus lourd de tristesse, S’élève une nocturne et plaintive chanson, Un écho d’harmonie aux troublantes ivresses, Un rêve de douleur, qui remplit l’horizon.
L’âme est pleine de bruits et d’élans qui se brisent, Le cœur est torturé de désirs impuissants Et dans les voluptés qui dorment sur la brise Veille le désespoir sinistre du néant.
Ô nuit d’été où rien ne bouge et rien ne luit Nuit où l’amour n’est plus qu’une atroce souffrance, Où tout rêve se brise en voyant l’infini, Nuit de malheur muet et d’horrible silence.
Pourquoi donc tourmenter mon cœur endolori ? Pourquoi venir hanter mon rêve et ma pensée ? Pourquoi viens tu porter le doute en mon esprit Qui reste malheureux de t’avoir effleuré ?
1 Août 1905 Minuit
|
Des nuits et des nuits (4) |