Les Soirs sans Espérance (5)

Ô j’ai rêvé d’autres soirs pleins d’étranges  terreurs

Des soirs d’automne, pleins d’agonies frémissantes,

Des soirs lourds et glacés….  Un soleil sans lueurs

Immobile au milieu des forêts blêmissantes.

 

J’ai souvent parcouru ce monde fantastique

Et j’ai toujours trouvé l’impassible soleil,

Pale et sombre aux lointains des plaines nostalgiques,

Engourdi d’un immense et terrible sommeil.

 

Ô ce rêve effrayant d’éternel crépuscule !

On dirait qu’il y a dans l’ombre une âme étrange,

Que le morne soleil fixe de ses yeux froids.

 

J’ai peur de l’astre mort à l’horizon qui brûle

Et j’écoute là-bas l’ineffable mélange

Des êtres et des soirs, des lueurs et des voix.

 

Mars 1908