Nuit d’amour
Asseyons-nous ici … l’ombre est douce, les arbres Nous abritent, le vent souffle parmi les marbres, Et le dieu de la nuit qui passe dans l’air lourd, Jettera sur nous deux son grand voile d’amour. Nous sommes seuls, la haut la nuit s’étend, dorée, L’air s’endort, alangui sous la sombre saulée. Trianon rit, l’on danse et chante, et le ciel noir, Pour la première fois m’encourage à l’espoir. La-bas les vents du soir emportent sur leur aile, Des parfums de bonheur semés dans la nuit belle. Effleurant nos cheveux d’une lente caresse, Apportés jusqu’ici, par de troublantes rafales, Des bouquets d’harmonie et des soupçons de râles, La musique dans l’air s’alanguit et s’endort, Et l’âpre volupté, rêve dans la nuit d’or. Ô musique, parfum d’amour et de désir Harmonie, voluptés troublantes d’avenir, Prends nous, emporte nous par delà les nuages Dans un songe rempli d’éblouissants mirages, Nuit d’amour ! Sombre parc des divines folies Ce n’est que maintenant que commencent nos vies.
22 Avril 1905
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Des nuits et des nuits (2) |