Les Nuits pales  (7)

Aveugle

 

Passez, passez ô feuilles mortes,

Chevelure d’or des grands bois,

Les vents d’automne vous emportent,

L’année fuit encor une fois…

 

Autrefois vous étiez riantes et jolies,

Lorsque la renoncule ourlait d’or les prairies,

Quand le soleil levant, brillant dans le ciel rose,

Jetait sur vos tons verts un or d’apothéose.

 

Maintenant le soleil est plus pale, les bois

Ont perdu à nouveau leur gaieté d’autrefois,

Et le soleil couchant, dans un spectre doré,

Sur la mort des grands bois semble aujourd’hui pleurer.

 

On voit la feuille d’or qui tombe sur le sol,

Lente et légère,

Comme un oiseau nocturne appesantit son vol

A l’aube claire.

 

Les sentiers sont jonchés de ces débris vivants,

Pales et blonds,

Et la brise du soir roule ces flots mouvants,

Pleins de frissons…

 

Passez, passez ô feuilles mortes,

Chevelure d’or des grands bois,

Les vents d’automne vous emportent,

L’année fuit encor une fois…

 

 

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