Les Nuits pales (9) |
Aveugle (suite 2)
L’ombre folle jette sur moi Un voile sombre, noir et froid, Et la terrible nuit qui passe M’entraîne la-bas dans l’espace…
Demain le soleil d’or se lèvera peut-être, Plus tard, l’été brûlant de l’hiver va renaître, Mais je ne verrai plus que la nuit éternelle, Et l’automne en pleurant m’emporte sur son aile…
Je ne verrai jamais l’aube aux voiles de gaze, L’éblouissant midi aux flammes de topaze Jamais ne versera ses feux brûlants sur moi, Car mon œil à jamais est vide et mon cœur froid…
La nuit, toujours la nuit, toujours livide, affreuse, Le néant immortel Le doute qui prendra mon esprit malheureux Dans son gouffre éternel…
Jamais dans le gazon les tendres violettes Et les frais boutons d’or Ne fleuriront pour moi leurs corolles discrètes, La mort…Toujours la mort…
L’ombre folle jette sur moi Un voile sombre, noir et froid, Et la terrible nuit qui passe M’entraîne la-bas dans l’espace…
30 Juin 1905 |