La mort de Don Juan |
Introduction
Ces quelques vers sont le baisser de rideau d’une pièce injouable qui dort dans mes papiers. J’essayai de ressusciter un peu ce siècle de Louis XV, vicieux et poétique, et mon Hervé de Lavaucourt est bien le chérubin, Don Juan d’alors. La pièce est invraisemblable, l’éloquence seule d’un mourant en est une preuve, ce n’est qu’un rêve, rien qu’un rêve, un nocturne plutôt.
12 Octobre 1905
Une tente dans un camp, pendant la guerre d’Espagne sous la Régence, la nuit, autour les Pyrénées, coups de fusils, Hervé blême est couché dans sa tente.
Hervé Clotilde, toi ! Ah ! Je savais que tu viendrais, je meurs et justement…Clotilde… je t’écrivais. Adieu, la lettre est sur moi.
Clotilde Hervé !
Hervé J’étouffe ! Je meurs ! Adieu
Clotilde Je ne veux pas ! Là sur la touffe de gazon du sang, oh !
Hervé Je suis heureux pourtant de vous voir avant de mourir.
Clotilde Non mon amant, Je ne veux pas que l’on te tue !
Hervé Hélas, tu es venue me voir mourir !
Clotilde Je ne veux pas que l’on te tue !
Hervé Mon rêve était trop grand pour vivre car ici c’est le pays de la réalité. Ainsi, je meurs en emportant, la-haut, tout ce sublime amas de rêves vains, Noble chimère intime. |