Les Soirs sans Espérance (3)

J’ai quitté les sentiers du rêve et de la vie,

Et j’entre lentement dans un rêve fatal,

Voici que monte en moi l’ineffable agonie

Des soirs de solitude et des nuits de cristal.

 

Adieu, vaste printemps des joyeuses années

Adieu, rêves lointains de bonheur et d’amour,

Maintenant les chansons des violettes fanées

M’appellent, de leurs voix qui délivrent du jour.

 

Nul ne viendra troubler mon éternel sommeil,

Car j’ai fermé sur moi l’immense tour d’ivoire,

Ou brille un jour plus beau que le morne soleil.

 

Je vais trouver là-bas, le calme et le repos,

Et quand la mort viendra, son aile blanche et noire

Éteindra l’harmonie de mes derniers sanglots.

 

18 Décembre 1907