La  mort de Don Juan (3)

Hervé

 

Mes amours aussi étaient trop lentes,

Trop rapides parfois, j’ai trop aimé, voilà .

Je cherchais, dans le cœur toujours nouveau de la

Femme, un amour idéal, rêve si vague,

Que je cherche  dans le ciel,  où mon âme divague,

Dans l’étoile dorée qui scintille la-haut .

Pour ce monde si bas, hélas c’était trop beau.

Dans le firmament noir, l’étoile langoureuse

Répand autour de moi sa lueur amoureuse.

Regarde ! Elle m’appelle, elle m’attire….Hélas !

Dans l’azur vierge et pur, la-haut, je ne peux pas

M’envoler, en laissant nos doutes et nos crimes,

Dans ce bourbier infect, pour mes rêves sublimes.

Regarde, écoute… autour de nous la nuit est calme

Le murmure du jour s’alanguit et se calme,

De lourds parfums vagues et flous flottent dans l’air

Sous la calme lueur de l’astre pur et clair.

Les arbres, ces géants du soir grandis par l’ombre

Rendent l’obscurité si possible moins sombre,

Et la-haut, c’est le rêve et c’est mon rêve à moi,

Jamais je ne pourrai l’achever… Ô pourquoi ?

 

Clotilde

Mais je suis là, Hervé, je suis là moi qui t’aime,

 

Hervé

Amour candide et pur qui subsiste quand même

Malgré l’adversité et le doute et l’effroi,

Ô je te remercie de demeurer en moi,

C’est toi qui me donna toute mon énergie

 

Clotilde

Et qu’ai-je donc été mon Hervé, dans ta vie…

 

Hervé

Vous êtes dans ma vie un rayon de bonheur

Comme dans la nuit bleue une étoile amoureuse,

Et votre douceur en passant dans mon cœur

Laisse derrière lui sa traînée lumineuse,

Vous êtes le soleil de mon cœur, tendre et pur,

Vous en êtes le joie, vous en êtes l’azur,

Et mon esprit, qui dans le ciel erre sans cesse

Ne pensera jamais à toi qu’avec ivresse.

Maintenant tu t’en vas et, vision d’un jour,

Image rayonnant de lumière et d’amour

Tu fuis en me laissant seul et triste… et je rêve.

J’étais enfant, j’aimais le soleil qui se lève

Empourprant l’horizon de sa rouge beauté,

J’aimais le jour, le bruit, l’onde, l’immensité,

Les oiseaux qui chantaient sur les branches fleuries,

J’aimais le papillon volant parmi les fleurs,

Les roses du matin, diamantines fleurs,

J’aimais sur le gazon, les gouttes de rosée,

Ces perles de la nuit qu’aspire la journée,

Dans mon cœur un grelot de joie sonnait toujours

Et je voyais le ciel toujours bleu.  Mes amours,

C’étaient le ruisselet qui dort sous la verdure,

Rythmant sur les cailloux un languissant murmure,

L’or brûlant du soleil et le vert des forêts…

C’est alors que soudain, à mes yeux étonnés,

Ton image parut dans le ciel du mystère,

Et mon cœur inquiet ne savait que penser.

La vision passa, je restais écrasé !