Une vision (Clodile)

 

Le scintillement d’or d’une nuit tropicale

Jette sur l’océan qui remplit de son râle

L’immense éternité des astres et de l’eau,

Une vague clarté, comme un blême halo,

Et l’air voluptueux par sa limpidité,

Laisse flotter rêveurs les parfums de l’été.

Dans le ciel bleu luisait une lune opaline

Qui noyait les flots gris dans sa lumière fine,

Et les mille clous d’or immobiles aux cieux

Scintillaient à travers un brouillard lumineux.

L’immense nuit d’amour était sereine et claire

Le grand vaisseau fuyait dans son vague mystère.

 

Nous étions sur le pont, longtemps silencieux,

Nous regardions rêveurs, les flots harmonieux,

Et le beau clair de lune aux caresses troublantes,

Qui rêve en se mirant sur les vagues dormantes.

J’attendais, incertain, croyant voir apparaître

Un rêve parfumé qui existe peut-être,

Et dans les plis mouvants du firmament obscur,

Je cherchais un amour éternel et bien sur.

 

Alors en regardant les étoiles tremblantes,

Un rêve m’emporte sur les ailes fuyantes.

 

Dans le frémissement de la buée du soir,

Je sentais rayonner un éternel espoir,

Des effluves d’amour, des voluptés ardentes,

Et des parfums légers dans les brises troublantes.

Je marchais, inconscient, dans ce rêve mouvant,

Toujours plein de vigueur, jamais las.

 

La montagne

Qui se dressait au loin dans la longue campagne,

Sous mes pieds étonnés paraissait s’aplanir,

Et dans mon cœur brûlaient des frissons de désir.

J’aperçu du sommet une ville méconnue,

Immobile, muette, et qui me semblait nue,

Sous la fluidité calme d’un ciel d’azur.

Des moissons de vapeurs sommeillaient dans l’air pur,

Tremblant sous le baiser de brises parfumées,

Où dormaient en planant des tiédeurs embaumées

Avec des voluptés nouvelles de l’amour,

Et tout dans ce pays rayonnait d’un grand jour.

 

De plus en plus charmé je rentrai dans la ville,

La rue était muette et tout semblait tranquille,

À chaque pas, toujours, montait à mon cerveau

Un frisson de bonheur et d’amour plus nouveau,

Tandis que sur mon cœur je sentais par rafales

Des souffles de parfums aux fureurs nuptiales.

 

 

 

 

 

Échos d’Orient (4)