La sultane à la fenêtre
C’est le moment exquis où le soleil s’enfuit, Où l’ombre envahissante efface chaque bruit Venus dans le ciel bleu d’un calme crépuscule, Brille douce et sublime à l’horizon qui brûle, Et sur le gazon vert jette son éclat pur. Ondoyante, s’étend au loin la mer d’azur La Stambul d’Orient de son halo farouche Obscurcit la splendeur du soleil qui se couche. Et les dômes brillants, les minarets superbes Découpant l’horizon de leurs pointes acerbes S’estompent vaguement comme un songe mouvant Et le voluptueux sérail dans la nuit belle, Dort…. La brise du soir caresse tendrement Aux balcons du harem les rideaux de dentelle. Une poussière d’or flotte dans l’atmosphère, L’ombre géante et triste enveloppe la terre, Et tandis qu’excitant ses bœufs, le laboureur Revient du champ fertile où mûrit son labeur, L’orgueilleux océan, de son remous tranquille Berce dans les flots bleus l’étoile qui scintille.
Belle sous l’amas lourd de ses cheveux d’ébène, Avec ses yeux profonds où l’océan se mire, Ses lèvres où Dieu mit du sang et du sourire, Et son corps de tigresse aux majestés de reine, La substance enfin seule, et libre de tous voiles Rêve, en laissant ses errer sur les étoiles. Le vent fait voltiger les boucles sur son front, Pale et beau, que la lune vaguement éclaire, Et son âme enivrée s’affranchit de la terre, Et s’envole, là-bas, dans l’infini sans fond, Plus loin que les grands monts et plus loin que la grève Dans le grand tourbillon de l’amour et du rêve.
Décembre 1904
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